La sécurité au travail est un enjeu majeur pour les entreprises et leurs salariés. Parmi les mesures de protection adoptées, le port de chaussures de sécurité s’impose comme une obligation incontournable dans de nombreux secteurs d’activité. Cet article vous présente les aspects juridiques et pratiques liés à cette exigence, ainsi que les bénéfices qu’elle procure aux travailleurs et aux employeurs.
Les fondements juridiques du port obligatoire des chaussures de sécurité
Le Code du travail français impose aux employeurs de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs (article L. 4121-1). Cela inclut l’évaluation des risques professionnels, la mise en place d’une politique de prévention et la fourniture d’équipements de protection individuelle (EPI) adaptés.
Les chaussures de sécurité font partie des EPI réglementés par des normes européennes (EN ISO 20345, EN ISO 20346 et EN ISO 20347) et françaises (NF S76-001). Leur port est rendu obligatoire par l’article R. 4323-91 du Code du travail, dès lors qu’un risque d’accident ou de maladie lié à l’exercice d’une activité professionnelle ne peut être éliminé ou limité par des moyens techniques ou organisationnels.
Ainsi, dans les secteurs où les travailleurs sont exposés à des risques de chutes d’objets, de chocs, d’écrasement, de perforation, de glissades ou de contacts avec des substances dangereuses, le port de chaussures de sécurité est une obligation légale pour l’employeur et le salarié.
Les critères de choix et d’utilisation des chaussures de sécurité
Le choix des chaussures de sécurité doit être adapté aux spécificités du poste de travail et aux risques identifiés. Il existe plusieurs catégories et niveaux de protection :
- Les chaussures à embout protecteur (S1, S1P, S3) : elles résistent aux chocs jusqu’à 200 joules et protègent contre les compressions jusqu’à 15 kN. Les modèles S1P et S3 sont également équipés d’une semelle anti-perforation.
- Les chaussures à usage professionnel (OB, O1, O2) : elles ne sont pas munies d’embout protecteur mais offrent un certain niveau de confort et d’adhérence au sol.
- Les surchaussures renforcées : elles se portent par-dessus les chaussures habituelles et procurent une protection temporaire contre les chocs ou les perforations.
Outre ces caractéristiques techniques, il convient également de veiller à la qualité ergonomique et thermique des chaussures (amortissement, ventilation, isolation), ainsi qu’à leur conformité aux normes sanitaires en vigueur (absence de substances allergisantes ou toxiques).
L’utilisation et l’entretien des chaussures de sécurité doivent respecter les recommandations du fabricant et les règles internes de l’entreprise. Le salarié est tenu de signaler tout dysfonctionnement ou usure excessive de son équipement, afin que l’employeur procède au remplacement ou à la réparation dans les meilleurs délais.
Les avantages du port obligatoire des chaussures de sécurité
Le respect de cette obligation légale présente plusieurs bénéfices pour les travailleurs et les entreprises :
- La réduction des accidents du travail : selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), les accidents liés aux pieds représentent environ 7% des accidents du travail avec arrêt. Le port de chaussures de sécurité permet de prévenir ces risques et d’assurer une meilleure protection des salariés.
- La limitation des conséquences financières et juridiques pour l’employeur : en cas d’accident du travail imputable à un défaut d’équipement, l’employeur peut être tenu pour responsable et contraint de verser des indemnités à la victime. Le respect des obligations en matière d’EPI est donc essentiel pour prévenir ce type de litiges.
- L’amélioration du bien-être au travail : des chaussures de sécurité adaptées contribuent au confort et à la performance des salariés, en limitant les douleurs musculaires, articulaires ou posturales liées à une mauvaise qualité ou un mauvais ajustement du matériel.
Ainsi, le port obligatoire des chaussures de sécurité constitue une mesure efficace et nécessaire pour garantir la santé et la sécurité des travailleurs, tout en protégeant les intérêts économiques et juridiques des entreprises.