La convention Aeras, signée en 2006 et renouvelée depuis, vise à faciliter l’accès au crédit pour les personnes présentant un risque de santé aggravé. Elle engage les sociétés de crédit à respecter certaines obligations afin de lutter contre les discriminations liées à la santé. Quelles sont les responsabilités juridiques des sociétés de crédit dans ce cadre ? Cet article vous apporte un éclairage sur cette question.
Le contexte et les objectifs de la convention Aeras
La convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) a été mise en place en 2006 dans le but d’améliorer l’accès au crédit pour les personnes présentant un risque aggravé de santé. Elle est issue d’un partenariat entre les pouvoirs publics, les fédérations professionnelles du secteur bancaire et assurance, ainsi que des associations représentant les personnes malades et les consommateurs.
Cette convention a pour objectif principal de faciliter l’accès aux emprunts immobiliers, aux prêts professionnels et aux prêts à la consommation pour ces personnes. Elle prévoit notamment la mise en place d’un mécanisme spécifique d’assurance emprunteur et impose des obligations particulières aux sociétés de crédit.
Les obligations des sociétés de crédit dans le cadre de la convention Aeras
Les sociétés de crédit sont tenues de respecter plusieurs obligations dans le cadre de la convention Aeras. Celles-ci concernent principalement l’information des personnes concernées, la mise en place d’un dispositif spécifique d’assurance emprunteur et le traitement des dossiers.
Tout d’abord, les sociétés de crédit doivent informer leurs clients sur l’existence et les modalités de la convention Aeras. Elles doivent également leur fournir un document d’information sur les garanties offertes par l’assurance emprunteur et les conditions d’éligibilité. Ce document doit être remis au client avant la conclusion du contrat de crédit.
Ensuite, les sociétés de crédit sont tenues de proposer une offre d’assurance emprunteur adaptée aux personnes présentant un risque aggravé de santé. Cette offre doit inclure une garantie décès, une garantie perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA) et, le cas échéant, une garantie incapacité temporaire totale de travail (ITT). La tarification de cette assurance doit être établie en tenant compte du risque spécifique du client.
Enfin, les sociétés de crédit doivent mettre en place un dispositif permettant d’examiner rapidement et efficacement les demandes de crédit présentant un risque aggravé de santé. Elles doivent notamment désigner un référent chargé du suivi des demandes relevant de la convention Aeras et veiller à ce que ces demandes soient traitées dans des délais raisonnables.
Les conséquences juridiques en cas de manquement aux obligations
Le non-respect des obligations prévues par la convention Aeras peut entraîner des conséquences juridiques pour les sociétés de crédit. En effet, les personnes concernées peuvent engager la responsabilité civile de ces sociétés en cas de préjudice subi.
Ainsi, si une société de crédit ne respecte pas son obligation d’information sur la convention Aeras et que cela cause un préjudice au client, celui-ci peut demander réparation devant les tribunaux. De même, si une société de crédit ne propose pas une offre d’assurance emprunteur adaptée ou ne met pas en place un dispositif efficace pour traiter les demandes relevant de la convention Aeras, elle peut être tenue responsable du préjudice causé.
Il est important de souligner que les personnes concernées disposent également de recours administratifs auprès des autorités compétentes, telles que l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ou le médiateur bancaire.
Les perspectives d’évolution
La convention Aeras a permis de réaliser des avancées significatives en matière d’accès au crédit pour les personnes présentant un risque aggravé de santé. Cependant, des améliorations sont encore possibles et souhaitables afin d’atteindre une égalité réelle entre tous les emprunteurs.
Des propositions ont été formulées afin d’améliorer le dispositif existant, telles que l’extension du champ d’application de la convention à d’autres types de crédits ou l’instauration d’un plafond de surprime pour les garanties ITT et PTIA. Il appartient désormais aux acteurs concernés et aux pouvoirs publics de s’emparer de ces propositions afin de continuer à faire évoluer la convention Aeras.
En résumé, la convention Aeras impose des responsabilités juridiques importantes aux sociétés de crédit en matière d’information, d’assurance emprunteur et de traitement des demandes présentant un risque aggravé de santé. Le non-respect de ces obligations peut entraîner des conséquences juridiques pour les sociétés concernées. Des perspectives d’évolution existent afin d’améliorer encore l’accès au crédit pour les personnes concernées par cette convention.